Dans une Afrique où le maintien au pouvoir du grand chef est un sport continental, le Bénin fait figure d'exception. Dans l'ancien Dahomey, une ex-colonie française indépendante depuis 1960, près de 4 millions d'électeurs (sur une population de 7,5 millions) étaient appelés aux urnes, hier, pour désigner un successeur au président Mathieu Kérékou. Malgré d'importants dysfonctionnements, le scrutin s'est déroulé sans violence. Les résultats officiels ne sont pas attendus avant plusieurs jours.
Après trente années au pouvoir, Mathieu Kérékou, discrètement conseillé par Paris, avait décidé de ne pas se représenter. L'homme aux lunettes noires a ainsi choisi de se conformer à la Constitution de 1990, qui interdit plus de deux mandats à la tête de l'Etat et fixe la limite d'âge du Président à 70 ans. Mathieu Kérékou en a 72.
Conditions de vie. Parmi les vingt-six prétendants à sa succession, dont deux femmes, trois candidats font figure de favoris : Adrien Houngbedji (Parti pour un renouveau démocratique), Bruno Amoussou (Parti social-démocrate) et Yayi Boni (indépendant). Dans ce pays où un tiers de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, les électeurs espèrent surtout une amélioration de leurs conditions de vie à la faveur de cette alternance. L'an dernier, les bailleurs de fonds ont effacé la dette du Bénin, dont l'essentiel des ressources provient du coton, tout en insistant sur la nécessité de poursuivre les privatisations.
Alors que la campagne s'est déroulée dans l