Tous les symboles semblaient s'être invités à la cérémonie qui a précédé, hier à Beyrouth, le rapatriement de la dépouille du chercheur français Michel Seurat. D'abord le lieu : l'aéroport international, dans la banlieue sud, à quelques mètres de l'endroit où le chercheur fut enlevé, le 22 mai 1985, à son arrivée dans la capitale libanaise. Ensuite la date : vingt ans presque jour pour jour après l'annonce de son exécution, le 5 mars 1986, par un mystérieux groupe islamiste, avatar du mouvement chiite Hezbollah. Enfin, la présence du dernier témoin de la tragédie : l'écrivain Jean-Paul Kauffmann, qui fut kidnappé avec le chercheur du CNRS et partagea sa cellule pendant neuf mois.
Venues de Paris par avion spécial, Marie Seurat, l'épouse du défunt, ses deux filles, Alexandra, 24 ans, et Laeticia, 22 ans, ont pu se recueillir dans la chapelle du salon d'honneur devant la dépouille du chercheur qui n'avait jamais été rendue aux siens en dépit de leurs efforts. «Mes émotions aujourd'hui sont inattendues. Je ne suis pas submergée par l'effroi comme je l'avais anticipé pendant des mois, mais au contraire, je me sens apaisée, sereine», a déclaré Marie Seurat, qui avait été accueillie par des ministres libanais, l'ambassadeur de France Bernard Emié, des universitaires et les proches du disparu. «Il me manque, cet homme que je ne connais pas», a renchéri d'une voix émue Laeticia, qui n'avait que quelques mois lors de l'enlèvement de son père, alors âgé de 36 ans. Puis Kauffmann, libér