L'armée américaine a annoncé, hier, son intention de fermer la prison d'Abou Ghraib et de transférer dans d'autres centres de détention en Irak ses quelque 4 500 prisonniers. De sinistre réputation sous Saddam Hussein, cet établissement situé à une trentaine de kilomètres à l'ouest de Bagdad était devenu un symbole gênant après la publication de photographies montrant des soldats américains infligeant des sévices à des détenus.
Selon l'armée américaine, le «déménagement» devrait durer deux à trois mois. La majeure partie des prisonniers seront envoyés dans le nouveau camp Cropper, implanté sur la base militaire américaine à l'aéroport de Bagdad. Ce centre n'abrite pour le moment que 127 détenus «de haut rang», dont Saddam.
Le complexe d'Abou Ghraib, qui comporte une prison en briques et des tentes érigées par les Américains, sera remis au gouvernement irakien. Du temps de Saddam Hussein, des milliers de prisonniers politiques y ont été torturés. Pour la seule année 1984, 4 000 détenus y furent exécutés, selon un groupe de recherche indépendant américain. Abou Ghraib a compté jusqu'à 15 000 prisonniers, répartis par groupes de quarante dans des cellules mesurant à peine quatre mètres sur quatre. En octobre 2002, Saddam a décrété une amnistie générale et l'établissement s'est largement vidé.
Après la chute du régime baasiste en avril 2003, la prison avait été rebaptisée Centre correctionnel de Bagdad par les Etats-Unis. La publication de clichés de sévices infligés aux prisonnier