Madrid de notre correspondant
Après les avalanches de clandestins africains sur les enclaves espagnoles au Maroc de Ceuta et Melilla, à l'automne, un autre drame humanitaire, qui n'en serait qu'à ses débuts, a lieu plus au sud. Des milliers d'immigrants s'embarquent vers l'archipel des Canaries à partir du sud du Maroc, du Sahara-Occidental, mais, surtout, de la Mauritanie. Ces Africains utilisent des cayucos, des embarcations de pêche traditionnelles, utilisées au Sénégal et en Mauritanie, pouvant transporter jusqu'à 70 personnes. Selon un rapport de police cité par le quotidien espagnol El Pais, entre 10 000 et 15 000 personnes sont actuellement massées dans des camps de fortune, dans l'attente d'une traversée vers les Canaries.
Sur place, les passeurs se chargeraient de les faire partir à raison de 1 000 euros par personne. Depuis le début de la semaine, 75 clandestins auraient été repêchés par des patrouilles mauritaniennes ; 42 se seraient noyés, depuis lors, notamment au large de Nouadhibou, ville mauritanienne. Selon un responsable du Croissant-Rouge mauritanien, «depuis novembre, 1 200 à 1 300 personnes ont perdu la vie en mer en essayant d'atteindre les Canaries».
Madrid parle d'une «nouvelle voie» d'immigration clandestine, plus longue et plus périlleuse que les précédentes. Les passeurs semblent avoir opté pour le Sud marocain et la Mauritanie par défaut : la surveillance policière hispano-marocaine aux frontières de Ceuta et Melilla a été renforcée ; la côte d'Algés