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Libération

«L'armée chilienne n'est plus un Etat dans l'Etat»

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publié le 11 mars 2006 à 20h36

Santiago du Chili de notre correspondante

«La justice et les institutions fonctionnent et la machine de mort que constituait l'armée de Pinochet est désarticulée.» Pour Monica Gonzalez, directrice du quotidien Siete, comme pour beaucoup d'autres Chiliens, ce samedi n'est pas seulement celui d'une simple passation de pouvoir entre le président socialiste sortant, Ricardo Lagos, et celle qui lui succède, Michelle Bachelet ­ qui fut sa ministre de la Santé, puis de la Défense. Cette investiture marque aussi la fin de la transition démocratique amorcée en 1989, au lendemain de la dictature d'Augusto Pinochet.

«Aujourd'hui, explique le journaliste Raúl Sohr, spécialiste des armées, on ne craint plus de coup d'Etat au Chili, la démocratie est stable.» C'est sûrement l'un des héritages les plus importants laissés par Lagos : l'armée est désormais soumise au pouvoir civil. Le 17 septembre, le Président a signé la réforme de la Constitution. L'armée n'a plus de pouvoir politique, elle ne peut plus désigner de sénateurs. Le Sénat qui entre en fonction sera entièrement élu. De même, les forces armées ne sont plus «garantes de l'ordre constitutionnel», ce qui leur permettait de prendre le pouvoir légalement si elles le jugeaient nécessaire. Et le Président peut congédier les commandants en chef. «Autrement dit, reprend Raúl Sohr, l'armée n'est plus un Etat dans l'Etat.»

«Traître». En témoigne la nomination au sous-secrétariat de l'Armée de l'air de Raúl Vergara par Bachelet. Les militaires