Bogotá de notre correspondant
En rendant les armes vendredi, Rodrigo Tovar Pupo, alias «Jorge 40», savait qu'il n'abandonnait qu'une partie de son pouvoir. Le chef paramilitaire colombien, accusé de massacres de paysans, était le dernier commandant d'envergure des milices antiguérilla des Autodéfenses unies de Colombie (AUC) à abandonner le treillis. Mais, déjà, lui et ses pairs pouvaient prévoir que les législatives de dimanche dernier allaient largement compenser les armes perdues. Depuis l'annonce d'une trêve, en décembre 2002, leur «fédération» d'armées privées aurait démobilisé plus de 28 000 «combattants» (sans pour autant tous rendre leurs armes). Ce qui fait officiellement un belligérant de moins dans le conflit qui oppose les guérillas d'extrême gauche à l'armée et aux paramilitaires d'extrême droite. Avec un effet immédiat. «On peut estimer que 10 000 morts, des milliers d'enlèvements et des dizaines de milliers de déplacés ont été évités», estime l'analyste militaire, Alfredo Rangel, candidat malheureux au Sénat dimanche.
Impunité. Pourtant, ce processus de désarmement est critiqué. Outre les violations de la trêve, l'impunité des crimes et l'absence d'indemnisations pour les victimes, les milices ont conservé des structures militaires, comme l'a dénoncé l'Organisation des Etats américains. Dans les plaines de l'Est colombien par exemple, trois dissidences sévissent aux côtés d'un front officiellement démantelé. Ailleurs, de nouveaux groupes sont apparus dans lesque