Luxinhe envoyé spécial
Un vent de colère souffle dans les campagnes chinoises. Devant l'entrée de la mairie de leur village, les paysans de Luxinhe ont tendu une banderole : «Rendez-nous nos terres, nous voulons vivre !» Cinq cents habitants de ce village, situé près de la ville de Tianjin, manifestent pacifiquement depuis lundi dernier. A l'intérieur de la cour, où des policiers retiennent la foule, sont garées les luxueuses Audi des cadres. «Nous n'en pouvons plus, protestait hier un cultivateur, d'un côté le gouvernement dit qu'il soutient les paysans, et de l'autre il s'empare de nos terres, sans nous accorder la moindre compensation. Nous n'avons presque plus rien pour nous nourrir. Je ne peux même plus envoyer mes enfants à l'école, car les frais scolaires sont hors de portée», proteste l'un d'eux. «Nous sommes quatre dans ma famille, explique un autre. Notre revenu annuel n'est plus que de 3 800 yuans (350 euros) ! Deng Xiaoping (l'ancien dirigeant chinois) nous avait rendu nos parcelles en 1980, et maintenant on nous les vole !»
Sans compensation. Au cours des dernières années, des cadres locaux à travers tout le pays ont pris possession des terres de millions de ruraux, le plus souvent de manière autoritaire et sans compensation. Un nombre croissant de ces paysans spoliés proteste avec de plus en plus de virulence. Hier, à Luxinhe, ils ne décoléraient pas. «Les cadres nous ont pris 67 hectares en 2003 pour construire une autoroute, puis à nouveau 13 hectares, qu'ils o