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Libération

Parodie de justice pour le Darfour au Soudan

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Un tribunal spécial juge les criminels de guerre pour éviter la Cour internationale.
publié le 18 mars 2006 à 20h40

Nyala envoyé spécial

Le grincement des pales du ventilateur couvre le murmure de l'accusé. Dans la chaleur écrasante d'un après-midi de juillet, le premier procès du Tribunal criminel spécial (TCS) pour les crimes commis au Darfour n'attire pas grand monde. Trois juges soudanais, dont une femme, un avocat, un procureur, deux accusés, surveillés par un policier débonnaire, plus deux témoins. Le public ne compte que quatre personnes. La salle est éclairée au néon en plein jour.

Vol de bétail. A l'appel de son nom, l'accusé numéro 1 se lève : un grand berger dégingandé. Hassan Youssef est fouillé au corps puis prête serment sur le Coran. L'homme et son acolyte sont accusés d'avoir volé du bétail sous la menace d'une arme, le 10 avril 2005, dans un village du Sud-Darfour. Il se défend maladroitement, s'embrouille, retourne s'asseoir, résigné. A la fin, le juge lève l'audience en donnant un grand coup de maillet qui réveille tout le monde.

«Ce n'est pas un crime de guerre mais il est lié aux circonstances qui prévalent», tente de justifier le président du tribunal, le juge Mohamed Abkam. Il refuse de parler de «guerre civile» ou de «nettoyage ethnique» ; tout au plus concède-t-il qu'il y a des «différends tribaux». Le TCS a été formé à la va-vite par Khartoum pour éviter le péril de la Cour pénale internationale (CPI) qui pèse sur les responsables présumés des exactions dans la province rebelle du Soudan en proie depuis février 2003 à une guerre civile ayant causé de 180 000 à 300 0