C'est en grande pompe que le président Zine ben Ali a célébré hier le 50e anniversaire de l'indépendance de la Tunisie. Il devait notamment déposer une gerbe au mausolée de Habib Bourguiba, le «combattant suprême» qu'il démit le 7 novembre 1987 par coup d'Etat médical et contraignit à finir sa vie treize ans plus tard en reclus dans sa ville natale de Monastir. Après plus d'une décennie passée à tenter d'effacer jusqu'au nom du père de l'indépendance de la Tunisie, Ben Ali monopolise depuis sa mort son image comme pour mieux s'en attribuer les mérites. Fort d'une ambition modernisatrice exceptionnelle dans le monde arabo-musulman, Bourguiba fit beaucoup pour lever les tabous sociaux et religieux qu'il voyait comme autant d'entraves au développement de son pays. Et il dota les femmes d'un statut quasi-révolutionnaire car abolissant la polygamie et les rendant électrices et éligibles dès 1957.
Commémorations. Si rien n'aura manqué à la célébration, hier, de cet anniversaire (du «rassemblement populaire» au défilé «illustrant 50 ans de réalisations»), les cérémonies voulues par Ben Ali sont aux antipodes des commémorations organisées par le Maroc. Ce pays célébrait aussi le cinquantenaire de sa libération, la France ayant reconnu son indépendance dix-huit jours avant celle de la Tunisie. Multipliant festivités et colloques à l'étranger, les Marocains en profitaient pour publier deux rapports visant à accréditer la volonté de changement de Mohammed VI et à promouvoir «le nouveau