Alexandria envoyé spécial
Chaque jour, entre le 16 août 2001 et le 11 septembre 2001, à Minneapolis, dans le Minnesota, l'agent du FBI Harry Samit a poussé son rocher. Et chaque jour, il l'a vu redégringoler la pente, repoussé par une hiérarchie frileuse. A plus de soixante-dix reprises en moins d'un mois, Samit a tenté d'alerter Washington : Zacarias Moussaoui, qu'il venait d'arrêter, avait le parfait profil du terroriste conspirant pour détourner un avion ; il fallait d'urgence demander à la justice un mandat pour perquisitionner son ordinateur. Jamais ses supérieurs n'ont pris au sérieux sa requête. Sauf, bien sûr, le 11 septembre...
Petites lâchetés. Harry Samit, trentenaire posé aux cheveux ras, est un témoin choisi par l'accusation dans le procès de Moussaoui, dont l'enjeu est la peine de mort de l'accusé. Le gouvernement cherche à démontrer que si Moussaoui n'avait pas menti au FBI, s'il avait avoué qu'il était membre d'Al-Qaeda et qu'il se préparait à détourner un avion, les attentats qui ont fait 3 000 morts auraient été évités. Mais les procureurs doivent se mordre les doigts d'avoir appelé Samit à la barre. Lundi, interrogé avec minutie par un avocat de la défense, le policier a déroulé la chronique terrible des petites lâchetés bureaucratiques qui l'ont empêché de découvrir le pot aux roses. Par comparaison, le mensonge par omission de Moussaoui apparaît comme secondaire. Pendant toute la journée, ses mails et ses lettres ont défilé sur les écrans du tribunal. Chaq