La bombe atomique française intéressait beaucoup les espions américains. On s'en doutait, on en a désormais la preuve. Mardi, trente-deux documents «top secret» ont en effet été déclassifiés par l'administration américaine, en vertu de la loi sur la liberté d'information. Ils ont aussitôt été mis en ligne (1) par un organisme indépendant, le National Security Archive de l'université George-Washington.
Selon le chercheur Jeffrey Richelson, responsable de ce projet, «la communauté américaine du renseignement a consacré un effort significatif au programme français d'armes nucléaires, des premiers jours de la guerre froide jusqu'au milieu des années 70». Le premier document date de février 1946, le dernier de juin 1987. Consultables sur Internet, les documents proviennent du projet Manhattan, puis de la CIA, du Département d'Etat et des forces armées.
Les Américains n'ont pas lésiné sur les moyens pour savoir ce que tramaient les Français : sources humaines (non citées), écoutes électroniques, avions et satellites espions... Ainsi, lors des essais à Mururoa, deux KC-135R (la version militaire du Boeing 707) décollaient de Hawaii pour aller prendre des mesures. Ces missions Burning Light étaient décidées après que les «grandes oreilles» de la NSA ont intercepté les dates et heures des essais français... «Ces dispositifs lourds témoignent que l'intérêt des Américains était beaucoup plus profond qu'une simple surveillance de routine. Ils ont traité le programme français comme suscept