Menu
Libération

Le Nigeria se compte avec fièvre

Article réservé aux abonnés
Au moins six personnes sont mortes lors des opérations d'un recensement à haut risque, qui conditionnera la représentation au sein des institutions.
publié le 24 mars 2006 à 20h43

Lagos de notre correspondante

Police déployée en masse, limitation des déplacements pendant plusieurs jours, le recensement au Nigeria prend des allures d'état d'urgence. Les trois précédentes opérations, menées entre 1960 et 1991, ont donné lieu à des contestations et des troubles. L'exercice reste périlleux. Les autorités répètent que «le recensement n'est pas une compétition pour la suprématie politique», qu'«il n'y a pas d'agenda caché». Il s'agit de fonder les politiques économiques sur des chiffres exacts, et non sur des estimations (qui varient de 120 à 150 millions d'habitants). Mais, à un an des élections présidentielles, le climat n'est pas à la sérénité.

Ebullition. Au pouvoir depuis 1999, Olusegun Obasanjo, originaire du sud-ouest, est soupçonné de préparer un changement constitutionnel qui ouvrirait la voie à un troisième mandat. Le nord, longtemps dominant sur la scène politique, veut revenir aux affaires, et la région pétrolifère, dite sud-sud, estime que son tour est venu de diriger le pays. Depuis le début de l'année, le delta du Niger est en ébullition, et des heurts entre chrétiens et musulmans ont fait au moins 130 morts en février. Les questionnaires ne parlent ni d'ethnie ni de religion, mais l'enjeu n'en est pas moins grand. Du nombre d'habitants par Etat dépend la représentation au sein des institutions, la vie politique nigériane étant marqué par un fort régionalisme. Les revenus pétroliers sont également distribués au prorata de la population.

Localeme