Cela va faire dix ans que les sept moines français du monastère de Tibéhirine, en Algérie, ont été enlevés, dans la nuit du 26 au 27 mars 1996, puis retrouvés morts deux mois plus tard. La commémoration de cet événement ou plutôt l'absence de commémoration , l'enquête sur l'affaire ou plutôt l'absence d'enquête donnent surtout l'impression d'un second enterrement.
«Ce silence, que vient légaliser en Algérie une loi d'amnistie sur la guerre civile, atteint un niveau d'indécence rare. Entre la France et l'Algérie, c'est la collusion de deux raisons d'Etat», assure Patrick Baudoin, avocat de la famille de l'un des moines, au cours d'une conférence de presse, vendredi, au siège de la Fédération internationale des droits de l'homme à Paris.
Pas d'autopsie. La plainte contre X déposée en France, en décembre 2003, par la famille de Christophe Lebreton et par le père Armand Veilleux, de l'ordre des Cisterciens, paraissait devoir rompre l'immobilisme. En Algérie, en effet, le seul acte judiciaire en dix ans demeure l'arrestation, puis la libération du portier du monastère, Mohamed. Seules les têtes des moines ont été retrouvées. Où ? Quand ? Par qui ? Les autorités ne l'ont jamais dit officiellement. Aucun rapport d'autopsie n'a été communiqué. Cette autopsie a-t-elle même eu lieu ? Le dossier officiel ne comporte qu'un document : l'avis de décès des moines rédigé par l'ambassade de France. Comme il fallait bien dater leur mort, l'ambassade a écrit : «21 mai 1996», jour du commu