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Libération

Déchirures argentines sur la mémoire

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Associations et proches de victimes se divisent au sujet de la commémoration du coup d'Etat.
publié le 27 mars 2006 à 20h44

Buenos Aires de notre correspondant

La condamnation unanime du terrorisme d'Etat pendant la dictature (1976-1983) n'empêche pas les divergences entre les multiples organisations des droits de l'homme qui luttent inlassablement pour réclamer la vérité et la justice sur la disparition et la mort de 30 000 personnes, pendant ces années noires de l'histoire argentine.

Les désaccords sur les modalités de transformation de l'Ecole supérieure de mécanique de la marine (Esma) ­ lieu de torture et de détention pendant la dictature ­ en un espace de mémoire ; la zizanie sur l'opportunité de déclarer férié le 24 mars (date du coup d'Etat) et le fait que les différents cortèges de familles de disparus se soient soigneusement évités lors de cette commémoration ont terni l'hommage rendu aux victimes. Même la grande manifestation sur la place de Mai, lieu symbolique des rassemblements populaires argentins, où 100 000 personnes s'étaient réunies à l'appel de 370 organisations populaires, a été perturbée et s'est terminée dans la confusion. Outrées par «la récupération politique de la douleur des familles de disparus», les grands-mères de la place de Mai ont menacé de quitter les lieux.

Sous la pression du président Nestor Kirchner, le Parlement a voté il y a une semaine une loi instituant désormais le 24 mars comme jour férié. Cette décision précipitée a déclenché la colère de plusieurs associations de familles de détenus et disparus, du prix Nobel de la paix 1981 (Adolfo Perez Esquivel) et de