Minsk envoyée spéciale
«Mon père a été arrêté samedi, alors qu'il ne faisait que passer au centre-ville. Il a 70 ans.» «Moi, c'est mon mari qui a disparu.» «Mon fils a été condamné à dix jours de prison parce qu'il portait une tente au centre-ville.» L'ordre habituel est revenu à Minsk : l'opposition biélorusse est maintenant en prison ou devant les centres de détention, à la recherche de proches interpellés ces derniers jours et condamnés à des peines allant jusqu'à quinze jours de détention. Devant la prison de la rue Okrestina, des dizaines de parents se relayaient encore, hier, pour essayer de localiser leurs prisonniers ou de leur passer, en vain, des colis de vêtements et de nourriture.
Fleurs et ballons. Le bilan de la présidentielle, qui a consacré la réélection d'Alexandre Loukachenko avec 83 % des suffrages, est de plus de 900 arrestations, dont un des candidats, selon le centre de défense des droits de l'homme Viasna. A son siège, dans un appartement anonyme du centre de Minsk (l'organisation n'est plus légale depuis 2003, pour avoir contesté les élections de 2001, mais elle est enregistrée en République tchèque), les appels de parents angoissés n'arrêtaient pas hier, certains ayant perdu toute trace de leurs enfants.
Le régime de Loukachenko a une nouvelle fois montré, samedi, qu'il avait besoin de la force pour se maintenir : des centaines de policiers et même des soldats ont dû être déployés pour contenir une foule de quelques milliers de personnes qui voulait cél