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Libération

Les Russes font bande à part en Israël

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Les législatives de demain pourraient placer le parti russophone en position de force, derrière Kadima.
publié le 27 mars 2006 à 20h44

Ashdod (Israël) envoyé spécial

Campé derrière son bar, Max sert bières et vodkas. Du bortsch mitonne dans une cocotte et les accords acides d'un barde soviétique saturent l'atmosphère. Ici, pas de chichis ; alcools, nourriture, musique sont aussi russes que les clients. Deux vieux Caucasiens font claquer pendant des heures leurs pions de jacquet tout en sirotant un thé noir. Une bande de copines en goguette, jeunes blondes aux pommettes saillantes, fredonnent en choeur les paroles de chants slaves. Les garçons portent des maillots frappés, en cyrillique, du nom des grands joueurs de hockey sur glace ou des équipes de foot prestigieuses, Lokomotiv, CSKA, Dynamo et Spartak. Sans ce soleil de Méditerranée qui inonde la salle, on se croirait dans une taverne moscovite de la place Taganka. «On s'est fait notre Chinatown, rigole Max. Ici, oublie Israël, le quartier est totalement russe.»

Plus de quinze années ont passé depuis la chute du mur de Berlin, début d'une vague d'immigration sans précédent pour les juifs soviétiques. Au final, l'Etat d'Israël a gagné presque 1,5 million de citoyens, pour une population de 7 millions d'habitants. Pour absorber ce flux, des faubourgs ont été bâtis, où se sont regroupés les nouveaux arrivants. Les quartiers 10 et 11, en périphérie d'Ashdod, sont exclusivement russophones. Dans le petit centre commercial où Max tient son café, les boutiques affichent les prix en cyrillique, oubliant parfois l'hébreu. Le fleuriste propose des promotions sur les