Jérusalem de notre correspondant
En boudant le débat sécuritaire pour privilégier les revendications sociales, l'électorat israélien a exprimé dans les urnes les profondes aspirations à la normalité d'une société. Et pourtant, la Knesset élue mardi représente fort mal la sociologie réelle du pays. Une fois encore, la traditionnelle prime aux militaires joue à fond. Pas moins de quinze généraux enlèvent un siège dans ce nouveau Parlement, quand six agents secrets s'insinuent dans l'hémicycle. A l'aune de cette razzia, l'élection d'un seul gradé de la police passe pour une aumône.
La représentation quelque peu excessive des hautes sphères de l'appareil de sécurité amplifie une nette masculinisation de la Knesset. Cette assemblée de cent vingt députés ne comptera dans ses rangs que dix-sept femmes, soit une proportion ridicule de 14 %. Les retraités, qui font une entrée remarquée sur la scène politique, n'ont visiblement pas pensé à faire élire l'une de leurs compagnes d'infortune, alors que ces dames représentent 57,5 % des pensionnés. A leur habitude, les mouvements religieux orthodoxes, d'obédience ashkénaze ou séfarade, ont choisi de maintenir les femmes au foyer, imités par les partis arabes, islamistes ou nationalistes. Seuls les communistes sauvent l'honneur en faisant entrer une militante arabe au Parlement.
La jeunesse n'est pas logée à meilleure enseigne : huit élus seulement sont âgés de moins de 39 ans. Les Israéliens de 18 à 40 ans représentent tout de même près de la