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Apostasie périlleuse en Algérie

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Une loi prévoit de lourdes peines pour le prosélytisme religieux.
publié le 1er avril 2006 à 20h48

L'arsenal législatif algérien semble de plus en plus au service du verrouillage de la société et des libertés. Au plus fort des protestations des Occidentaux contre la peine de mort infligée à Abdul Rahman, l'Afghan «coupable» de s'être converti au christianisme, une loi est passée comme une lettre à la poste au Parlement algérien. Ce texte prévoit de lourdes peines de prison pour quiconque «incite, contraint ou utilise des moyens de séduction tendant à convertir un musulman à une autre religion». Un tel «délit» est passible de deux à cinq ans de détention et d'une amende de 500 000 à 1 million de dinars (5 000 à 10 000 euros) dans ce pays où l'islam est religion d'Etat, mais où la Constitution reconnaît la liberté de culte.

Faut-il interpréter ce nouveau texte comme un gage donné aux islamistes, qui réoccupent le devant de la scène avec la récente loi d'amnistie, ce qui suscite une certaine inquiétude dans le pays ? Ou faut-il y voir une volonté de donner un coup d'arrêt au «prosélytisme» que pratiqueraient, selon Alger, certains missionnaires étrangers, notamment américains ? Il y a sans doute un peu des deux à l'origine de l'adoption de cette loi, même si l'ampleur du prosélytisme dénoncé de manière récurrente à Alger reste à démontrer. Mais, au-delà d'un retour certain du conservatisme religieux dans le pays, il est difficile de ne pas lier l'adoption de ce texte à un contexte de verrouillage plus général.

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