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TRIBUNE

Israël : le triste choix du désengagement unilatéral

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Le futur gouvernement de centre gauche devra entamer des négociations avec la Ligue arabe, pour espérer une paix durable et globale.
par Amos Oz, essayiste et écrivain israélien.
publié le 3 avril 2006 à 20h49

Les électeurs israéliens viennent de désigner une coalition de centre gauche modérée. Ce résultat annonce un changement majeur dans la société israélienne, sans doute même un tournant dans l'âme israélienne. En août dernier, Ariel Sharon a mené à bien l'évacuation unilatérale des colons et de l'armée de Gaza contre la majorité de son propre parti, malgré la violente résistance de groupes religieux et nationalistes. La gauche «colombe» a offert alors son soutien politique à cette initiative historique.

Lors du scrutin du 28 mars, la grande majorité des Israéliens ­ pour la première fois depuis l'occupation militaire de la Cisjordanie et de Gaza, en 1967 ­ ont montré leur disposition à abandonner 90 % des Territoires palestiniens occupés, y compris certaines parties de Jérusalem. Leur disposition, mais non leur inclination... Ce que la majorité des Israéliens tenaient depuis des années pour impensable, voire suicidaire pour leur pays, ils l'assument désormais tristement. Les raisons de ce changement ne sont sans doute pas dues aux prêches de la gauche pacifiste, mais plutôt aux durs assauts de la réalité : l'insurrection violente dans les Territoires palestiniens, le sentiment d'un isolement international, la compréhension que la balance démographique entre Juifs et Arabes pourrait bien évoluer en faveur des Palestiniens si Israël maintient son emprise sur les territoires occupés.

On peut avancer une raison plus profonde à cette mutation : les Israéliens ont inversé, peu à peu,