La torture, crime caché par excellence, laisse rarement des preuves. Et en Europe, seules 0,5 % des victimes ont accès à des soins appropriés. Le réseau européen (1) des centres de soin pour les personnes victimes de la torture a lancé, vendredi, un appel aux gouvernements à tenir leurs engagements internationaux : «L'écart est énorme entre la capacité de traitement et les besoins. Nos systèmes de santé ne sont pas du tout adaptés pour ces personnes qui ne sont pas prises en charge comme elles le devraient», constate Hubert Prévot, président de l'association Primo-Levi.
Une directive européenne du 27 janvier 2003 le stipule pourtant : «Les Etats membres font en sorte que les personnes qui ont subi des tortures, des viols ou d'autres violences graves reçoivent le traitement que nécessitent les dommages causés par les actes en question.» Encore faut-il s'en donner les moyens. En France, le centre Primo-Levi est débordé. «Nous accueillons des personnes fragilisées qui vivent dans le souvenir de la confrontation avec la mort, avec un sentiment de honte, de culpabilité, note Sibel Agrali, qui dirige ce centre. Elles ont peur qu'on ne les croie pas. Contrairement à une idée reçue, la torture n'est pas une pratique qui fait parler. Les traumatismes sont aggravés par le mauvais accueil qui est réservé aux demandeurs d'asile, notamment en France.» Selon les estimations, près de 2 millions de victimes de torture vivent en Europe. Parmi elles, 600 000 ont été victimes de régimes passés