Rome envoyés spéciaux
«C'est le dernier coup de queue du Caïman», veut croire l'éditorialiste du quotidien la Repubblica (centre gauche), reprenant pour Silvio Berlusconi le surnom que lui a donné Nanni Moretti dans son film-pamphlet. Mis en difficulté lundi soir par son challenger du centre gauche, Romano Prodi, pendant le second duel télévisé de la campagne, le Premier ministre sortant a promis d'abroger la taxe d'habitation (ICI) sur la résidence principale. Depuis trois mois, le milliardaire et tycoon des médias a multiplié les outrances verbales aux relents populistes, jusqu'à devenir sa propre caricature. Florilège.
Le bonimenteur
Son bagou est redoutable et même ses adversaires le reconnaissent. Etudiant, Silvio Berlusconi arrondissait ses fins de mois en vendant des aspirateurs au porte-à-porte. Dans les derniers instants du duel télévisé, regardant dans les yeux les millions d'Italiens massés devant leur poste, il lance : «Pour nous, la résidence principale est sacrée, comme la famille. Pour cette raison, nous avons décidé d'abolir l'ICI sur toutes les résidences principales.» Il insiste avec un large sourire : «Comprenez-vous bien cela ? C'est un geste courageux.» Romano Prodi n'a pas eu le temps de contre-attaquer, se contentant d'ironiser, au sortir du plateau : «Peut-être compte-t-il imprimer du papier-monnaie?» Ce racolage spectaculaire de dernière minute n'est pas sans rappeler celui de 2001, juste avant le vote, quand il avait signé en direct lors d'un talk-show