Moscou de notre correspondante
Salade de homard avec mangue et romarin, tagliatelles aux truffes ou boulettes de chou... : l'heure est au «grand carême» en Russie et cette année, plus que jamais encore, pratiquement tous les restaurants du pays proposent des «menus de jeûne» qui, comme toujours en Russie, vont du plus simple au plus extravagant.
Sept semaines. Le Kremlin a donné l'exemple en faisant savoir qu'à la présidence un employé sur trois entend cette année s'abstenir de toute viande et de tout produit laitier pendant les sept semaines précédant la pâque orthodoxe (le 23 avril cette année). Même des casinos et des clubs de strip-tease de Moscou proposent des menus de carême, s'amuse le quotidien Gazeta.
«La pratique du carême est en hausse, car l'identité russe est de plus en plus associée à l'orthodoxie, et aussi par conformisme : si tout le monde se met à faire carême, il faut faire pareil», observe le sociologue Boris Doubine, chercheur au centre Levada, relevant toutefois que ces «menus de jeûne» ne concernent qu'une petite fraction de la population. «Quatre-vingt-dix pour cent des Russes n'ont pas les moyens d'aller au restaurant, rappelle le sociologue. La couche de population qui fait ainsi démonstration de son carême émet là surtout le message : "Nous sommes de bons Russes, qui n'allons pas dépenser notre argent à l'étranger et qui respectons les traditions russes." Cela fait partie du spectacle que jouent actuellement les autorités et les élites du pays.»
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