Hernani envoyé spécial
«Je ne connais personne qui ait sauté de joie ce jour-là», dit un commerçant. Près de trois semaines après l'historique «cessez-le-feu permanent» du 22 mars annoncé par l'ETA, les signes d'un début de paix au Pays basque sont peu palpables. Profondément divisés, les quelque 19 000 habitants d'Hernani continuent de s'observer en chiens de faïence. Bourgade industrielle au sud de Saint-Sébastien, Hernani n'est pas un lieu ordinaire : depuis des décennies, c'est le bastion de la izquierda abertzale (la gauche patriotique), c'est-à-dire la base sociale de l'ETA. Les indépendantistes radicaux représentent 30 à 40 % des votants, un record. Depuis trois ans, ils ne sont cependant plus présents à la mairie. En mars 2003, la justice espagnole a mis hors la loi Batasuna, bras politique de l'ETA, pour ses «liens organiques avec une organisation terroriste». «Cela veut dire que, comme 4 000 autres votants d'Hernani, mon suffrage n'a pas été pris en compte. C'est absolument antidémocratique !» s'exaspère Jon.
«Amnistie». Non loin, dans le bar Garin, le centre de réunion des séparatistes radicaux, on se montre méfiant et guère bavard. un sexagénaire lâche : «Un de mes fils est dans une prison à Cádix [sud de l'Espagne, ndlr], je dois faire des centaines de kilomètres pour aller le voir ! Il faut que l'Etat espagnol amnistie nos prisonniers. Moi, j'ai envie de croire en ce processus de paix, mais j'ai des gros doutes sur le gouvernement de Madrid.» Le Premier ministre