Dans l’immense hangar qui abrite l’atelier de confection, des rangées de machines à coudre trônent sur leurs dessertes face à des chaises vides. «En temps normal, j’emploie ici 235 personnes», maugrée Mahmoud Abou Ghazi, le patron de cette entreprise qui fournit du prêt-à-porter de luxe à une dizaine de stylistes israéliens. «Mais depuis le mois de janvier, nous sommes soumis à un véritable embargo économique. Israël bloque mes livraisons de matière première et je ne peux plus exporter mes marchandises vers Israël. Je ne peux plus verser les salaires de mes employés.»
Sur la zone industrielle de Karni, principal centre d'activité économique de Gaza, toutes les sociétés tournent au ralenti depuis plus de trois mois. Une catastrophe pour la bande de Gaza, un territoire où vit plus d'un million et demi d'habitants, totalement dépendants du point de passage de Karni, unique porte commerciale vers Israël.
450 tonnes de farine/jour
«Aucune alternative n'existe», estime John Ging, directeur des opérations de l'Unwra, l'agence des Nations unies chargée des réfugiés palestiniens. Le terminal de Karni fonctionne désormais au ralenti après avoir connu une série record de fermetures complètes, justifiées par Israël comme des mesures de sécurité à la suite de menaces d'attaques du poste par des groupes armés. «Depuis le début de cette année, le taux de fermeture du terminal de Karni a atteint les 60 % [soit plus d'un jour sur deux, ndlr] contre 18 % l'an dernier», constate John Ging.