Rome envoyé spécial
La traque durait depuis plus de quarante ans et le seul portrait du chef suprême de Cosa Nostra dont disposaient les enquêteurs était une vieille photo d'identité de 1959, retravaillée à l'ordinateur. Chef des «Corleonesi» depuis l'arrestation, en 1993, du sanguinaire Toto Riina, surnommé «la belva» (la bête féroce), Bernardo Provenzano, 72 ans, a été appréhendé dans une ferme près de la petite ville de Corleone, à 40 km de Palerme, berceau et fief du clan régnant sur la mafia sicilienne depuis un quart de siècle.
L'annonce de l'arrestation a été rendue publique hier matin. «Cette capture est l'extraordinaire résultat d'un travail discret, patient, déterminé et professionnel de la part des services des forces de l'ordre», se sont félicités les magistrats de la direction régionale antimafia, Michele Prestipino et Marzia Sabella. «Nous avons combiné des technologies de pointe avec les méthodes traditionnelles en suivant les traces des messages et des paquets que lui envoyaient ses proches», a précisé le vice-procureur de Palerme, Giuseppe Pignatone.
Silence protecteur. Le «capo dei capi», le chef des chefs, vivait depuis des années dans une clandestinité totale. Jamais il n'utilisait le téléphone ou le portable, communiquant ses ordres par des pizzini, des messages manuscrits délivrés à des hommes de confiance. Il vivait dans des bergeries ou des baraques disséminées dans la campagne, avec pour seule compagnie des porcs et des poules. Pendant ces décennies, Be