Bogotá de notre correspondant
La mafia noyaute l'Etat colombien. C'est ce qu'il ressort d'une série de scandales qui associent le gouvernement du président de droite, Alvaro Uribe, aux cartels de la drogue et à leur bras armé, les milices paramilitaires antiguérilla. Le premier cas, dénoncé début mars par un sénateur proche du pouvoir, Javier Cáceres, est passé presque inaperçu. Le parlementaire avait révélé, grâce à un enregistrement, que l'Incoder, organisme chargé de redistribuer aux réfugiés les terres confisquées aux narcotrafiquants, les revendait en fait au plus offrant. Sur la cassette, le vice-directeur de l'organisme détaillait les démarches à suivre à un acheteur potentiel. Et expliquait la destination des fonds : le parti Colombia Viva, protégé des milices, à qui «Uribe a livré l'Incoder».
Hommes de paille. Les soupçons de collusion existaient depuis plusieurs mois : dans la ville de Villavicencio, «les paramilitaires sont dans les bureaux mêmes de l'Incoder», confiait en octobre un paysan, menacé de mort pour avoir tenté d'accéder aux terres à redistribuer. Depuis, le quotidien El Tiempo a découvert qu'une partie des fermes attribuées en grande pompe par le Président à des familles de réfugiés, dans le sud du pays, est en fait allée à un chef des milices. Dans un département voisin, c'est un fonds public de crédit agricole qui a accordé des prêts, via des hommes de paille, à un trafiquant incarcéré pour blanchiment d'argent. La démission forcée de certains fonctio