Rome envoyé spécial
La gauche italienne est à l'heure de l'examen de conscience. Certes elle a gagné, mais d'extrême justesse, avec 25 000 voix sur 47 millions d'électeurs, alors que l'accablant bilan de cinq ans de berlusconisme lui ouvrait une autoroute. La coalition de Romano Prodi, allant des catholiques progressistes à l'extrême gauche, a fait le plein des voix du «peuple de gauche», mais elle n'a pas réussi à aller au-delà. «Sa limite est d'être une gauche classique à la Jospin, regroupant toute la gauche mais rien que la gauche au nom de l'antiberlusconisme et cela explique l'étroitesse de sa victoire», reconnaît Luca Ricolfi, directeur de la revue Polena, sociologue de gauche aux positions volontiers iconoclastes.
«Thèmes sensibles». Cet échec relatif est reconnu par nombre de grands ténors de l'Unione. «Silvio Berlusconi a joué sur la peur des impôts comme du communisme et même si cela peut paraître absurde il s'agit là de thèmes sensibles pour des centaines de milliers de nos concitoyens», admet dans une interview au quotidien La Repubblica, Massimo D'Alema, président des Démocrates de gauche (DS), l'ex-PCI rénove. «On ne peut pas diaboliser les électeurs de Forza Italia, et l'attitude élitaire de ceux qui les considèrent comme des moutons obtus au crâne bourré par la télé est absurde», insiste l'écrivain Claudio Magris dans La Stampa.
Il est significatif que l'Unione n'ait pas réussi à percer dans le Nord, coeur productif et dynamique du pays avec ses milliers de pet