Il y a deux ans, le 16 avril 2004, Guy-André Kieffer était enlevé dans le centre d'Abidjan par des inconnus. On est toujours sans nouvelles de ce journaliste franco-canadien indépendant, qui enquêtait sur les malversations du pouvoir ivoirien, notamment dans la filière cacao. A ce jour, deux hommes ont été mis en examen par les juges français. Le premier, Michel Legré, qui est le beau-frère de Simone Gbagbo, l'épouse du président, vit librement à Abidjan. Le second, Tony Oulaï, un militaire ivoirien, est placé sous contrôle judiciaire en France. L'instruction, qui s'est concentrée sur les plus hautes autorités ivoiriennes, se heurte au refus de coopérer d'Abidjan. Mais aussi, comme le souligne dans un entretien à Libération Bernard Kieffer, le frère du journaliste enlevé, à la mauvaise volonté des autorités françaises.
N'êtes-vous pas découragé ?
Absolument pas, mais j'ai conscience des difficultés auxquelles se heurtent les juges français dans leur enquête.
Du côté des autorités ivoiriennes ?
Oui, mais elles sont dans leur rôle, si j'ose dire, puisqu'il apparaît que des proches du couple présidentiel Gbagbo sont impliqués. Abidjan a dressé un mur de silence autour des commanditaires et des exécutants présumés.
Vous sentez-vous soutenu par les autorités françaises ?
Leur attitude est bien plus troublante que celle des Ivoiriens. Le Quai d'Orsay dit qu'il ne veut pas interférer avec l'enquête en cours. Mais je ne comprends pas sa passivité. Paris pourrait faciliter le travail des j