Le Caire de notre correspondante
«Je n'aurais jamais imaginé à quel point ce pays est en fait rongé par le racisme et la haine.» Haytham est sous le choc. Tout le week-end, cet étudiant musulman qui compte de nombreux amis chrétiens a assisté, effaré, aux affrontements qui ont opposé coptes et musulmans après l'attaque, vendredi, de plusieurs églises d'Alexandrie. Selon la police, c'est un «déséquilibré» qui aurait attaqué les fidèles à l'aide d'un couteau, parvenant chaque fois à s'échapper. Une version des faits insupportable pour les coptes, qui reprochent à l'Etat de minimiser une fois de plus les violences dont ils font l'objet. D'ordinaire très discrets, les chrétiens d'Egypte ont cette fois explosé de colère. Les funérailles de l'un d'eux, tué vendredi, ont tourné à l'émeute interconfessionnelle. Musulmans et chrétiens se sont affrontés à coups de bâtons, des voitures ont été brûlées. «Nous réclamons nos droits, et le prix de notre sang», ont crié les coptes, qui ont aussi interpellé le Président Moubarak et accusé la police de passivité, voire de complicité, devant les violences à leur encontre. Hier, la ville portuaire était en quasi état de siège, alors que les violences reprenaient à la sortie des églises.
Emigration. «Nous avons toujours fait profil bas, mais maintenant ça suffit ! Combien faudra-t-il de morts ?» Les attaques de vendredi n'ont fait que renforcer la détermination de Mariam, mère de famille vivant dans le quartier de Moharram Bek, où d'importante