Calcutta envoyé spécial
Depuis quelques semaines, la bourgeoisie de Calcutta évite scrupuleusement de sortir ses 4X4 dans les rues. Avant chaque élection, dans l'Etat du Bengale-Occidental, le Parti communiste indien-marxiste (CPI-M) a en effet la fâcheuse habitude de réquisitionner les véhicules tous terrains pour mener plus efficacement sa campagne. Ceux qui ont la malchance de voir leur Jeep saisie au nom de la faucille et du marteau ne savent pas quand ils la retrouveront. Pas la peine d'essayer de protester : le parti tient l'Etat depuis vingt- neuf ans, ce qui fait des autorités bengalis le plus ancien gouvernement communiste élu au monde. Un record qui devrait encore être battu puisque tout porte à croire que l'extrême gauche sera réélue pour un septième mandat consécutif à l'issue des élections régionales qui se déroulent dans l'Etat à compter d'aujourd'hui, en cinq phases.
Marxisme radical. En Inde, le règne des communistes bengalis relève du mythe politique. Porté au pouvoir par les masses rurales en 1977, le parti a longtemps appliqué un marxisme radical, focalisé sur le développement des campagnes et la défense des classes ouvrières. Grèves, sit-in et séquestrations de patrons étaient la norme jusqu'à la fin des années 90, et le gouvernement était si partisan qu'il épaulait les syndicats lors des négociations avec le patronat.
En trois décennies, les marxistes bengalis ont toutefois bien évolué. «Ils n'ont plus que le nom de communiste, lâche un grand patron de Calc