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Libération

«La pénurie avive la colère à Katmandou»

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A cause de la grève générale contre le roi, les vivres manquent dans la capitale du Népal.
publié le 18 avril 2006 à 20h57

Katmandou envoyé spécial

Au douzième jour de la grève générale, Meena Kshetri commence à désespérer. «Combien de temps cela va-t-il durer ? A ce rythme, nous n'aurons bientôt plus les moyens d'acheter à manger», s'inquiète-t-elle tout en coupant des choux dans sa cuisine. Imposée par les partis d'opposition pour protester contre le régime du roi Gyanendra, la grève provoque en effet une flambée des prix particulièrement douloureuse pour cette femme et sa famille de huit personnes. «Le kilo d'oignons a été multiplié par six, celui des lentilles par deux et le sel est passé de 10 à 45 roupies», énumère-t-elle tandis que sa belle-fille, enceinte de sept mois, allume le feu dans un bidon percé transformé en réchaud. Le matin même, la bouteille de gaz a rendu sa dernière flamme et, faute d'approvisionnement, tous les commerçants du quartier sont en rupture de stock. «De toute façon, on n'a plus de quoi en acheter», avoue-t-elle.

Chômage forcé. «Entre mon salaire de pionne, ceux de mes deux fils et celui de mon mari, nous avons en moyenne 6 000 roupies (environ 75 euros) par mois pour toute la famille. D'habitude on s'en sort, mais ce mois-ci nous avons déjà plus de 5 000 roupies d'ardoises chez les commerçants. Je ne sais pas combien de temps ils accepteront de nous faire crédit.» La veille, Meena a tenté d'aller en ville chercher son salaire à la banque. Mais la banque, aussi, est en grève. Pour couronner le tout, l'un de ses fils, chauffeur, est au chômage forcé puisque les véhic