Podgorica envoyée spéciale
A cinq semaines du référendum sur son indépendance, le Monténégro, la plus petite des ex-républiques yougoslaves, se cherche un modèle parmi les petits Etats d'Europe. Les 670 000 Monténégrins, par le truchement de la revue Monitor, fleuron du souverainisme, peuvent soudainement découvrir que le Luxembourg, encore plus petit et moins peuplé, dispose du record européen d'investissements étrangers par tête d'habitant ou que l'Islande est tellement riche grâce à la pêche qu'elle n'a même pas besoin d'adhérer à l'Union européenne. Loin d'être un inconvénient, la taille du pays est perçue comme un avantage. «Il n'y a pas de petit pays pauvre en Europe» est devenu le leitmotiv de tous les défenseurs de la souveraineté. Il y a quelques années, la revue avait calculé, que le quart des Etats membres de l'ONU avaient un nombre d'habitants égal ou inférieur à celui du Monténégro et que 20 % avaient une superficie moindre ou égale (13 800 km2) à la sienne.
Provisoire. Pour la classe politique qui dirige le Monténégro depuis plus de quinze ans, l'indépendance n'a pas d'alternative. L'Etat commun de Serbie-et-Monténégro, forgé au forceps par le Monsieur Diplomatie de l'Union européenne, Javier Solana, et que les souverainistes appellent ici péjorativement la «Solanie», n'a jamais été plus qu'un Etat provisoire : il était admis d'entrée qu'il pourrait être dissous par référendum au bout de trois ans. Il n'a ni drapeau ni monnaie commune, la Serbie utilisant le dina