Port-au-Prince envoyé spécial
Ils sillonnent les rues défoncées de Port-au-Prince, par groupes de 4 ou 5, fusils mitrailleurs en main, dans leurs pick-up militaires. Népalais, Jordaniens, Brésiliens... Sous leur casque bleu, ils ont le regard lointain de ceux qui rêvent de rentrer au pays. Depuis deux ans, ils font partie du paysage quotidien des Haïtiens. Ceux-ci les voient d'un oeil hostile, indifférent ou ironique. «C'est la turista, pas la Minustah», gueule un tube sur une radio, allusion à une maladie tropicale connue des visiteurs. Les soldats de la Minustah, la Mission des Nations unies pour la stabilisation en Haïti près de 9 500 hommes d'une trentaine de pays sont ici considérés comme «des touristes» qui ne servent à rien. «L'ONU est venue avec sa logique, sans rien comprendre à ce pays, en appliquant des recettes appliquées dans d'autres régions », tranche Kettly Julien, responsable d'une ONG haïtienne des droits de l'homme.
80 millions de dollars. Il y a deux ans, l'ONU débarquait en Haïti, après la fuite vers l'Afrique du Sud de l'ex-président Jean-Bertrand Aristide. Depuis, la mission de l'ONU occupe le terrain, le plus instable politiquement et le plus pauvre économiquement du continent. Avec des résultats peu probants. Après deux ans de gouvernement intérimaire, la présidentielle a bien eu lieu le 7 février, mais après avoir été repoussée quatre fois depuis octobre, malgré les 80 millions de dollars versés par la communauté internationale pour organiser le s