Bogotá de notre correspondant
Décembre 2005, alors que les autorités colombiennes et américaines dépensent des milliards de dollars pour éradiquer la coca dans tout le pays, des Indiens résistent à la prohibition. Les Nasas, de la réserve de Calderas, dans les Andes du sud-ouest colombien, ont lancé au cours d'une cérémonie une boisson jaune pétillante, le Coca-Sek ou «Coca du soleil», «leur» Coca-Cola.
Effet psychotrope nul. Seuls ingrédients connus : de la mélasse de sucre de canne, du citron, et surtout une décoction de la petite feuille verte de coca, mieux connue pour sa transformation sous forme de poudre blanche ou chlorhydrate de cocaïne. Mais Coca-Sek ne contient aucune drogue, prévient Franki Ríos, l'un de ses élaborateurs : tout juste quelques nanogrammes des alcaloïdes présents dans la feuille, pour un effet psychotrope nul. «La coca n'est pas la cocaïne, comme le raisin n'est pas le vin», répète-t-il.
Pour les Nasas, comme pour leurs cousins Quechuas ou Aymaras de Bolivie et du Pérou, la «plante sacrée des Andes» est avant tout un symbole culturel. La feuille, verte ou grillée, a dans toute la région un rôle rituel relayé par les chamans et une valeur nutritive qui permet de pallier le manque de nourriture. Sur l'Altiplano, le haut plateau andin, la plante est consommée en infusion pour combattre le mal d'altitude et les paysans la mâchent pour lutter contre faim et fatigue. «Celui qui ne sent pas le besoin de "mastiquer" est un fainéant, qui ne travaille pas et qu