A N'Djamena
Idriss Déby part en campagne électorale comme à la guerre. Deux avions militaires dans lesquels sont rangés six Hummer et un avion privé loué pour transporter la délégation présidentielle. Une délégation protégée par une garde rapprochée lourdement armée. Le président tchadien, candidat à sa propre succession le 3 mai, a visité cinq villes en deux jours, toujours accompagné de sa dernière épouse, Hinda. Entouré de militaires, le président Idriss Déby a promis de l'électricité, des routes et fustigé le Soudan voisin pour avoir armé les rebelles du Front uni pour le changement (FUC), qui ont effectué une incursion sanglante dans N'Djamena, le 13 avril.
Promesses. La campagne est surréaliste. «Il nous a promis beaucoup de choses, des écoles, la paix, grâce au pétrole, alors nous allons le voter», explique un militant du MPS, le parti au pouvoir. Un peu plus loin, un habitant bougonne : «Les jeux sont faits depuis longtemps. A quoi sert de voter le 3 mai ?» Dimanche, ce sera le meeting final du Président, tandis que les quatre autres candidats, dont trois sont des alliés du MPS et deux au gouvernement, n'ont pu mener campagne avec autant de moyens.
Depuis l'incursion rebelle dans la capitale, l'heure est à la morosité et à la peur. Certains Tchadiens qui en ont les moyens se posent la question de leur départ du pays, ce qui ne leur était pas arrivé depuis la guerre civile de 1979. Des commerçants prennent leurs dispositions, des familles songent à scolariser leurs enfan