Le bras de fer entre l'UE et l'Iran sur la question du nucléaire a déjà fait deux victimes : le skipper français Stéphane Lherbier, condamné le 24 janvier avec son client, l'Allemand Donald Klein, à dix-huit mois de prison pour avoir pénétré par erreur dans les eaux territoriales iraniennes. Les deux hommes ont été arrêtés fin novembre dans le golfe Persique, lors d'une partie de pêche au gros. Ils se trouvaient près de l'île d'Abou Moussa, contrôlée par Téhéran mais revendiquée par les Emirats arabes unis. Tous deux ont plaidé ne pas s'être rendu compte qu'ils étaient dans les eaux iraniennes, à cause de cartes maritimes achetées aux Emirats, d'où ils étaient partis. L'extrême dureté de la peine en d'autres circonstances, ils auraient fait deux ou trois jours de prison montre bien que l'affaire est avant tout politique. Le fait que le chef de la justice, l'ayatollah Mahmoud Hachémi Shahroudi, célèbre en Iran pour sa sévérité, soit intervenu publiquement jeudi dans cette affaire pour «délivrer un ordre spécial», ordonnant une «enquête urgente» sur le cas du Français pour «décider de son cas» trois mois après sa condamnation , témoigne que le Français est bel et bien devenu otage du conflit qui oppose Téhéran à Paris.
Même si la France et l'Iran n'en font pas état ouvertement, les relations n'ont cessé de se dégrader entre les deux pays. A Téhéran, les diplomates français se plaignent de subir des restrictions dans leurs déplacements en dehors de la capitale et d'autres