Le Caire (Egypte) de notre correspondante
Dans la cour de l'église Saint-Serge, l'un des plus anciens édifices du Caire copte, la voix de Mohamed porte loin. «Il n'y a pas de problème de religion en Egypte ! Les histoires entre coptes et musulmans, ça arrive dans des quartiers défavorisés. Ce sont de vieilles rancunes, des vengeances. Ce n'est pas une généralité !» assure ce guide musulman au groupe de touristes qu'il encadre. En ce dimanche 30 avril, les coptes célèbrent la Pâques orthodoxe. A proximité, des blindés légers et des troupes antiémeutes montent la garde. Il y a deux semaines, trois attaques à l'arme blanche contre des fidèles rassemblés dans des églises d'Alexandrie ont remis le feu à la poudrière confessionnelle.
Dimanche, les coptes ont prié pour l'âme de leur «martyr», tué, selon la police, par «un déséquilibré isolé». Une thèse qui a fait bondir les coptes, exaspérés qu'on minimise les attaques à leur encontre. «On prend les Egyptiens pour des cons !» tempête Mounir Abdel Nour. Assis dans son salon près d'une table basse couverte de croix anciennes en argent, ce député nommé par Hosni Moubarak sur son quota (1) est l'un des très rares politiciens coptes. D'ordinaire policé, il sort de ses gonds. «Il faut dire la vérité, reconnaître les problèmes pour pouvoir les résoudre. On est rentrés dans une spirale de violence et d'extrémisme angoissante. L'absence de responsabilité de la part du gouvernement, des responsables et de l'intelligentsia est choquante.»
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