Washington de notre correspondant
A plusieurs reprises, depuis son commencement le 6 février, le procès Moussaoui a donné l'impression d'un train ayant échappé à tout contrôle sur les rails de montagnes russes. L'accusé s'accusait, les procureurs l'encourageaient, les avocats se faisaient insulter par leur client, la juge suspendait le procès pour manipulation de témoins, et les vrais auteurs du complot du 11 septembre 2001, détenus on ne sait où par la CIA, étaient cités comme témoins... L'image donnée, celle d'un Hellzapoppin judiciaire, n'a pas toujours grandi la justice américaine dans ce procès à plusieurs millions de dollars, dont l'enjeu était l'exécution d'un être humain.
Par omission. Finalement, le pire a été évité. Le jury a délibéré, et le Français ne sera pas mis à mort. Il aurait fallu pour cela l'unanimité des 12 jurés. Un ou plusieurs d'entre eux, dans un réflexe salutaire, a ou ont refusé l'issue absurde qui semblait se profiler : la mort pour un mensonge par omission.
Moussaoui, qui se vante de vouloir exterminer tous les Américains et tous les juifs, n'est pas un personnage très attachant. Mais dans le monde réel, il n'a tué ou même blessé personne depuis son entrée aux Etats-Unis. Il était accusé d'avoir menti. Arrêté en août 2001, il n'avait pas avoué aux autorités qu'Al-Qaeda complotait pour écraser des avions dans des grandes villes américaines. Le jury a considéré que ses mensonges avaient joué un rôle décisif dans le succès des attentats du 11 septembre