Berlin de notre correspondante
Le parfum d'«Ostalgie» (nostalgie de l'Allemagne de l'Est) qui s'est répandu il y a trois ans avec le film Good Bye Lenin! s'est évaporé. Depuis que les anciens officiers de la Stasi (sécurité d'Etat de l'ex-RDA) sont de retour sur le devant de la scène, l'Allemagne est de nouveau confrontée à la face dure de l'histoire de la RDA. Les graue Herren (les «messieurs en gris»), comme les ont surnommés les médias allemands, ne se contentent plus de converser silencieusement sur l'Internet (1), ils interviennent désormais dans les débats publics pour tenter de minimiser leurs forfaits. Ulcérées, victimes de la Stasi et anciens opposants au régime parlent de «négationnisme».
L'éclat le plus grave a eu lieu le 14 mars lors de la présentation d'un projet de nouvelles plaques commémoratives autour de la prison de la Stasi, située dans le quartier de Hohenschönhausen, dans l'est de Berlin. Les deux tiers de l'auditoire de 300 personnes s'est avéré être composé d'anciens cadres de la Stasi, parmi lesquels la crème du MFS (ministère de la Sécurité de l'Etat) tels Werner Grossmann, ex-chef des espions étrangers, et Wolfgang Schwanitz, ancien vice-président de la Stasi. Une administration qui comptait 91 000 employés, dont 30 000 à Berlin. Au cours d'une discussion très tumultueuse, les papys de la Stasi ont lancé des noms d'oiseaux aux victimes, prétendu que les prisonniers avaient toujours été traités avec humanité, et accusé l'historien Hubertus Knabe, direc