Les conservateurs au pouvoir en Pologne ont fait entrer, vendredi, l'extrême droite catholique au gouvernement. Le cabinet de Kazimierz Marcinkiewicz, qui s'était déjà assuré la semaine dernière le soutien des populistes de Samoobrona («Autodéfense»), acquiert ainsi une majorité au Parlement mais envoie en même temps un signal inquiétant à l'Europe, en raison des positions antieuropéennes, extrémistes et démagogiques de ses nouveaux alliés.
Les intégristes de la Ligue des familles, proches de la station Radio Marya connue pour ses dérapages antisémites, décrochent deux postes : l'un de vice-Premier ministre en charge de l'Education attribué à leur leader, Roman Giertych, l'autre de ministre de la Mer, un portefeuille créé pour l'occasion. Le patron de Samoobrona, Andrzej Lepper, devient, lui, vice-Premier ministre chargé de l'Agriculture. Samoobrona reçoit aussi le Travail et le Bâtiment. Le cabinet Marcinkiewicz, quasiment paralysé depuis sa formation en septembre faute de majorité, dispose désormais de 240 sièges sur les 460 de la chambre des députés.
La coalition a été négociée par Jaroslaw Kaczynski, président de Droit et justice, l'homme fort du régime. Son jumeau, Lech, chef de l'Etat, s'est aussitôt félicité à la télévision du fait que le gouvernement pourra enfin mener «les réformes indispensables». Mais il n'a pas précisé le programme de cette coalition hybride où cohabitent ultranationalistes, étatistes sociaux, pro et antieuropéens.
Ce remaniement risque d'inquiéter