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Libération

La mère de Moussaoui, héroïne aux Etats-Unis

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Aïcha el-Wafi fait le récit du procès de son fils, condamné à perpétuité.
publié le 6 mai 2006 à 21h09

C'était il y a une semaine, dans un hôtel à Alexandria, Colorado, juste à côté du tribunal où comparaissait le Français Zacarias Moussaoui. Le verdict doit tomber d'un jour à l'autre, et sa mère, Aïcha, a fait le voyage depuis Narbonne, Aude. Une femme s'approche d'elle, américaine, blanche, âge moyen. Elle l'embrasse, elle veut qu'on les photographie ensemble, elle lui dit : «Quand je vous vois à la télé, je comprends ce que vous ressentez.» Juste après, le taxi insiste pour qu'Aïcha ne paye pas la course. Aux Etats-Unis, la mère d'un homme basané, qui a toujours revendiqué faire partie d'Al-Qaeda, revenir de stage en Afghanistan et soutenir Oussama ben Laden, est devenue une sorte d'héroïne populaire. «C'est assez paradoxal», dit son avocat, Patrick Baudoin.

«Tout tordu». Aïcha se souvient de l'ouverture du procès, en janvier, quand elle a regardé dans le box. «J'ai trouvé quelqu'un que je ne connaissais pas, avec une barbe d'islamiste et une toque.» C'était son fils. Elle a croisé son regard. Il a passé les mains dans sa barbe et tourné la tête. Aïcha dit savoir ce qu'il pensait : «Pourquoi tu acceptes de parler aux avocats américains ? Je t'ai dit qu'ils sont contre moi.»

Elle a cru mourir à cette audience où Zacarias s'est mis à s'accuser de choses folles ­ qui n'étaient même pas dans le dossier ­, comme avoir voulu faire sauter la Maison Blanche avec Richard Reid, arrêté de son côté, de l'explosif plein les semelles. «Les avocats étaient bouche bée, dit Aïcha. Les gens c