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Libération
Reportage

Quand le PC en appelle à Jésus pour forger de bons Chinois

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publié le 8 mai 2006 à 21h09

Dong Lü envoyé spécial

Toutes les routes qui mènent au bourg de Dong Lü sont fermées. La police de cette province du Hebei (à 100 km au sud de Pékin) a ordre d'empêcher toute personne extérieure à cette communauté de dix mille habitants de venir adorer Notre-Dame de Chine. Cette statue aux traits chinois, vêtue d'une robe impériale, a été consacrée par le pape Pie IX en 1932. Dong Lü est l'un des bastions de l'église clandestine chinoise fidèle au Vatican, qui s'oppose à l'église officielle, dite «patriotique», qui prête allégeance au gouvernement et au Parti communiste chinois. «Venez, chuchote une habitante du village, et ne craignez rien, personne ne vous dénoncera à la police, nous sommes pratiquement tous catholiques et fidèles au pape ici.» D'un geste, la jeune femme porte la main à son cou, et tire de son corsage un crucifix accroché à un simple fil de coton. Chez elle, en bonne place, trône un calendrier imprimé avec une photographie de Benoît XVI. Elle espère que le pape pourra bientôt venir en Chine. Le rétablissement des relations diplomatiques avec la papauté est en effet sur toutes les lèvres et beaucoup estiment «proche» ce revirement, en dépit de l'ordination récente de deux évêques de l'église officielle par Pékin, ce qui a à nouveau tendu les relations avec le Saint-Siège (voir ci-contre).

Ferveur. Ces barrages de police, qu'il n'est pas impossible de contourner, ont pour but d'empêcher que se reproduisent les scènes de ferveur dont Dong Lü avait été le théâtr