Les autorités d'Ankara ont rappelé hier «pour consultation» leurs ambassadeurs à Paris et à Ottawa, durcissant le ton face à ce que le ministère turc des Affaires étrangères appelle «les développements récents survenus en France et au Canada relatifs aux affirmations infondées sur un prétendu génocide arménien». Le premier ministre canadien avait récemment évoqué dans un discours «le génocide arménien», déchaînant l'ire du gouvernement turc. Mais c'est surtout avec la France que la crise s'aggrave.
Deux propositions de loi, l'une socialiste et l'autre de l'UMP, veulent compléter la loi de 2001 reconnaissant le génocide arménien, avec un texte inspiré de la loi Gayssot sur la Shoah prévoyant jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende pour ceux qui le nient. De 1915 à 1917, les massacres et déportations des Arméniens de l'Empire ottoman ont fait jusqu'à 1,5 million de morts. Ces faits reconnus par la plupart des historiens, même s'ils divergent dans leurs interprétations, sont, en revanche, niés par Ankara qui parle seulement d'un demi-million de victimes parmi les Arméniens, et rejette surtout le qualificatif de génocide, clamant qu'il y eut des massacres des deux côtés alors que des Arméniens s'étaient alliés aux Russes.
L'examen parlementaire des deux propositions de loi doit avoir lieu le 18 mai. Ankara fait d'ici là monter la pression. «L'adoption de ces textes provoquerait des dommages irréparables dans les relations turco-françaises», a mis en garde la sem