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Libération

Kaftar, seigneure de guerre lasse

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Afghane, veuve et grand-mère, la commandante Kaftar a rendu les armes mais règne encore sur la vallée de Darisujan.
publié le 9 mai 2006 à 21h10

Vallée de Darisujan (Afghanistan)

envoyée spéciale

«La commandante Kaftar habite là-bas, devant la montagne blanche», indique un paysan, monté sur son âne avec un fagot de bois. Après le tunnel de Salang, puis la piste qui sillonne les collines de la province de Baghlan, il faut remonter le lit caillouteux d'une rivière presque à sec pour rejoindre, dans la vallée de Darisujan, la ferme de la commandante. Dans le petit van qui fait la navette pour les locaux, la radiocassette diffuse une musique traditionnelle, où le chanteur clame son amour pour un jeune danseur déguisé en femme. Et bientôt la maison en terre de la commandante apparaît, perchée sur le flanc de la montagne.

Kaftar, «pigeon» en persan, scrute les arrivants sur la terrasse qui surplombe la rivière. Vêtue d'un voile noir et d'une large robe qui cache son corps épais, elle offre le thé. Elle est sans doute la seule à avoir dirigé une milice en Afghanistan et l'on comprend vite comment, dans un pays aussi machiste, cette matrone de 55 ans a pu se trouver à la tête de centaines de combattants : dans sa ferme, elle mène son petit monde à coups de gueulantes et d'ordres qu'on ne discute pas. Même ses fils adultes filent doux et obéissent sans broncher.

Epinards bouillis. Kaftar est toujours redoutée dans sa vallée, mais ses rhumatismes la font souffrir et sa vue baisse. Ce soir, elle a une migraine. Pour tenter de s'en débarrasser, elle trempe dans un verre d'eau chaude un morceau de papier sur lequel le mollah de son v