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Libération

Les Aïnous restent sans voix au Japon

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Shigeru Kayano, infatigable défenseur de la minorité opprimée, est décédé à l'âge de 79 ans.
publié le 10 mai 2006 à 21h10

Nibutani envoyé spécial

Terrassé samedi par une pneumonie à l'âge de 79 ans, au terme d'un long combat contre la maladie, Shigeru Kayano, dit le «Mandela aïnou», pourrait bien s'avérer plus encombrant mort que vivant. A l'annonce de son décès, l'indifférence de grands médias japonais autant que le silence gênant de la classe politique et du Premier ministre Junichiro Koizumi ­ qui a montré moins d'entrain à lui rendre hommage ce week-end qu'à faire savoir qu'il irait de nouveau, ce 15 août, au sanctuaire de Yasukuni honorer les «morts pour la patrie» ­, en dit long sur le malaise suscité par la disparition de cet avocat pugnace des Aïnous, descendants lointains d'origine caucasienne des premiers chasseurs et cueilleurs aborigènes venus s'établir sur les terres du Japon. Seule l'ex-présidente du défunt Parti socialiste nippon, Takako Doi, a rappelé avec quelle détermination Shigeru Kayano, qui impressionnait les Japonais par son physique de géant, avait «porté sur ses épaules la fierté d'une minorité ethnique». L'épais silence qui entoure sa mort témoigne du sort réservé depuis longtemps aux Aïnous, peuple dépossédé de ses terres, aux droits bafoués, victime depuis des siècles de préjugés et discriminations. Les Aïnous ne seraient plus, selon certains, que 25 000. Ils seraient en fait six à sept fois plus nombreux. Mais pour mieux dégoter un emploi ou pouvoir se marier librement, beaucoup préfèrent aujourd'hui taire leur origine. Ou changer leur nom de famille. Conséquence ind