Berlin de notre correspondante
«Ce sont des méthodes dignes de la Stasi [service de sécurité de l'ex-RDA, ndlr]», se sont insurgées ce week-end plusieurs personnalités du monde politique et journalistique allemand. S'appuyant sur le rapport secret de 170 pages remis mercredi à l'organe de contrôle du Bundestag par Gerhard Schäfer, l'ancien premier magistrat de la Cour fédérale suprême, le quotidien Süddeutsche Zeitung a révélé vendredi que des journalistes ont été rétribués par le BND (services extérieurs allemands) pour espionner certains de leurs collègues.
Investigations. Ainsi, un ancien reporter du magazine Focus, devenu depuis auteur de livres, aurait empoché plus de 600 000 marks entre 1982 et 1998 pour avoir collaboré avec le BND sous les pseudonymes de Dali et de Silencieux. Andreas Förster, journaliste au quotidien Berliner Zeitung, raconte qu'il fut extrêmement surpris de recevoir, en octobre 2005, l'appel d'un certain Uwe M., journaliste à Leipzig, lui demandant où il en était de son enquête sur le BND. Hormis ses informateurs, personne ne connaissait le sujet de ses investigations. Andreas Förster sait désormais que Uwe M., alias Sommer («été»), avait été chargé de le tracer depuis 2002. «On a le sentiment d'être projeté dans une époque qui nous semblait révolue, a déclaré ce week-end Andreas Förster, qui était déjà journaliste du temps de l'ex-RDA. Je n'aurais jamais cru cela possible dans une démocratie.»
Cette affaire d'espionnage n'est pas totalement nouvelle.