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Neshe Yashin, les belles lettres de la politique chypriote.

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par Samuel MALIBAUX
publié le 19 mai 2006 à 21h16

Nicosie correspondance

Elle-même ne se berce pas d'illusions. «Il faudrait un miracle pour que je sois élue député le 21 mai», reconnaît Neshe Yashin, poétesse et première Chypriote turque à se présenter à des élections dans la très grecque république de Chypre. Les violences intercommunautaires entre chypriotes grecs et turcs ont éclaté dès l'indépendance, en 1963, de cette ancienne colonie britannique. Puis, en 1974, il y eut l'invasion turque du nord de l'île. Depuis, elle reste divisée par une ligne verte sous le contrôle de l'ONU. Au sud, les Grecs de la république de Chypre (800 000 habitants) seule autorité internationalement reconnue et membre de l'Union européenne. Au nord, l'autoproclamée république turque de Chypre du Nord (RTCN, 200 000 habitants) reconnue seulement par Ankara.

En janvier, un amendement à la Constitution a finalement autorisé le vote et l'éligibilité des quelques centaines de Chypriotes turcs résidant dans le Sud, à qui il était jusque-là impossible de participer à la vie politique. Neshe Yashin croit à la force du symbole que représente sa candidature, un véritable «défi au nationalisme». «Si des Chypriotes grecs votent pour moi, cela voudra dire qu'ils sont pour la coexistence et prêts à partager le pouvoir avec les Chypriotes turcs», affirme cette femme menue de 47 ans. Cela fait presque dix ans qu'elle s'est installée dans le sud à majorité grecque de l'île. Une «folie», pour certains membres de sa communauté, une «trahison» pour d'autres. Mais