Yangquanqu (province du Shanxi) envoyé spécial
En Chine, où périssent chaque jour des dizaines de mineurs, la vie d'une «gueule noire» ne vaut pas très cher. Surtout dans le Shanxi, province riche en gisements et en injustices. Les patrons de mines privées y exploitent sans vergogne une main-d'oeuvre paysanne venue des campagnes pauvres du Sichuan, à 1 millier de kilomètres de là ; un sous-prolétariat qui besogne ses 10 heures quotidiennes dans des trous minuscules à 100 mètres sous terre. En raison de leur petite taille, les Sichuanais sont souvent les seuls à même de trimer dans ces boyaux étriqués d'un diamètre inférieur à 1 mètre. La descente s'effectue dans un seau en fer suspendu à une poulie, qui sert aussi à remonter le minerai à la surface. Ces mines, illégales, sont dépourvues de la moindre mesure de sécurité. «Les patrons, pour ne perdre ni argent, ni temps, n'autorisent même pas l'étayage des galeries. Nous sommes pires que les coolies du siècle dernier», soupire Chen qui, depuis dix ans qu'il travaille dans le district, a vu mourir une cinquantaine de ses compagnons. «Pendant ce temps-là, les propriétaires de mines, eux, roulent sur l'or.» Sur les routes noires de charbon où circulent des norias de camions-bennes débordant de matières fossiles qui alimentent la croissance chinoise, on croise les berlines des officiels et les voitures de luxe des patrons.
Combat. Rencontre avec Yuan Huiqing, 29 ans. Elle a fait le voyage en train du Sichuan, avec son enfant de 8 an