District de Spin Ghar envoyée spéciale
La voiture de police rebondit sur la piste bourrée d'ornières, en direction du district de Spin Ghar. A la sortie de la ville de Jalalabad, des champs de pavot étalent déjà leurs fleurs rose et blanc. Un ancien moudjahid de la milice d'Hazrat Ali, un grand commandant local, est au volant. Habibullah a rejoint cette brigade des stupéfiants après le programme de désarmement de l'ONU. «Nous avons été entraînés deux mois par les Américains. Ils nous ont appris les droits de l'homme, et des techniques pour arrêter les criminels», raconte-t-il en sirotant une bière achetée dans le bazar de Jalalabad, où l'alcool se vend désormais au grand jour.
Au-delà de ces terres ocre et pelées, on aperçoit des chaînes de montagnes aux sommets couverts de neige qui marquent la frontière avec le Pakistan. Les barons de la drogue de la Khyber Pass et de la zone tribale de Bajaur viennent se fournir ici. Mais, en mars, des centaines d'habitants menés par les anciens et par la police sont allés détruire une trentaine de laboratoires d'héroïne. «Notre mollah a dit que fabriquer de la drogue est un grand péché. Après la prière du vendredi, les hommes se sont rassemblés pour aller démolir les ateliers de transformation près des montagnes», raconte un paysan à la longue barbe blanche dans le village de Maidanak. Les trafiquants se sont enfuis, abandonnant leurs cuves et leurs produits chimiques.
«Auparavant, l'héroïne était transformée dans la Khyber Pass, au Pakista