(à São Paulo)
En riposte au transfèrement de 765 de ses détenus, dont son chef, Marcola, vers une prison de haute sécurité, l'organisation criminelle Premier commandement de la capitale (PCC) a lancé, la semaine dernière, une mutinerie géante dans les prisons de l'Etat de São Paulo et une série d'attaques sans précédent contre la police d'Etat qui ont fait 163 morts, dont 32 policiers. Nancy Cardia, du Centre d'études de la violence de l'université de São Paulo, revient sur ces violences coordonnées.
Comment en est-on arrivé là ?
A cause de la négligence des autorités de São Paulo, qui n'ont pas suivi l'évolution du PCC ni tenté de mettre fin à ses liens avec les fonctionnaires des prisons. La corruption du système carcéral alimente l'insécurité. Si elle n'existait pas, comment les délinquants auraient-ils pu agir alors qu'ils sont en prison ?
Créé par des détenus, le PCC a pu atteindre un tel niveau d'organisation parce que les prisonniers ont compris qu'en s'unissant ils pourraient mieux résister à des conditions de détention terribles. Pour les rendre moins infernales et avoir droit, par exemple, à des médicaments ou à un travail, le détenu doit soudoyer les fonctionnaires. Il lui faut donc de l'argent. Comment en avoir quand on est en prison ? En poursuivant l'activité criminelle [ce que fait le PCC, en donnant l'ordre de crimes divers à des truands en liberté, ndlr].
Le PCC est-il une menace pour la démocratie ?
Bien sûr. Quel autre sentiment peut-on avoir quand des criminels